Aujourd’hui, 29/01/2009, nombreux furent celles et ceux qui, sous des banderoles diverses et pour des motifs divers, sont descendus dans la rue pour manifester leurs sentiments d’abandon, leurs désillusions, leur rancœur, face à la situation dans laquelle ils se trouvent confrontés, hélas !.
Au-delà de ce mouvement ponctuel et fort, mais effectué à l’échelon national, une ouverture vers les grandes questions qui, tôt ou tard, vont se poser à l’échelon mondial semble souhaitable, tout au moins à mes yeux. Elles peuvent être source de conflits dépassant le cadre des simples manifestations, toujours nécessaires, mais dans des objectifs de règlement à court terme. En effet,
En 2050, il faudra nourrir (sauf catastrophes naturelles et autres conflits entraînant la mort de trop d’innocents) environ 9 milliards de personnes. Auront-elles un pouvoir d’achat, une retraite, des RTT ? Ou, plus simplement leurs priorités ne seront-elles pas de se nourrir et de s’abreuver , qu’elles soient ou non en situation d’emploi ?
Or, pour se nourrir, nécessité est d’élever du bétail et de cultiver des plantes vivrières : élever plus et mieux et cultiver plus et mieux demeure ou devrait demeurer les deux objectifs primordiaux de notre société, car ils sont gage de paix civile.
Pour cultiver il faut de l’eau et les ressources, tant des nappes phréatiques que des lacs et des rivières s’amenuisent de jour en jour de par le monde.
Le réchauffement climatique risque d’entraîner des inondations, de fortes précipitations suivies de ruissellement et de ravinements.
L’urbanisation importante des alentours des grandes métropoles se traduira sans doute par un manque d’eau pour l’irrigation des zones agricoles voisines ou alors le coût de cette irrigation sera tel que le nombre d’agriculteurs ira en perpétuelle diminution.
Corrélativement, pour des raisons essentiellement économiques, des forêts continueront à disparaître au détriment de cultures pour la production de biocarburants de première génération et ce, aux dépens d’une culture vivrière qui devient tout juste suffisante, voire insuffisante dans certains pays obligés d’avoir recours à une importation onéreuse.
Pour nourrir les animaux on a recours, le plus souvent, non plus aux herbages, mais à des granulés issus de plantes O.G. ; signe d’encouragement, même involontaire, à des firmes agro-alimentaires puissantes , peu ou pas contrôlées.
Peut-on parler de notion de vie pour ces animaux élevés en batteries ?
Alors, Où va-t-on ? Où est la crise ? De quelle crise s’agit-il ? De celle des banquiers et autres « traders » jouant le virtuel financier aux dépens du sociétal ? Celle des actionnaires peu scrupuleux jamais satisfaits de leurs cassettes jamais assez remplies ? Celle des tenants des pouvoirs énergétiques faisant la loi sur le marché des ressources naturelles terrestres ? Ou bien celle des petites gens savamment mis à l’écart des décisions vitales les concernant de par le seul bon vouloir de certains échelons d’un pouvoir qui se dit politique et démocratique , pouvoir fermant les yeux sur les licenciements, délocalisations, précarité grandissante et qui refuse au peuple la possibilité de vivre sereinement ?
La crise c’est tout cela certes, mais c’est surtout celle des consciences désabusées suite aux promesses non tenues, aux mensonges,aux espoirs déçus, entraînant une confiance perdue en ceux qui sont en charge des nations.
Et pourtant que demandent et qu’ont toujours demandé les peuples ? La paix, le respect, la liberté, le simple fait d’avoir accès à la nourriture saine, à l’eau propre à la consommation ; la dignité dans le strict respect de leurs droits de citoyens du monde, la possibilité de travailler afin de pouvoir consommer simplement mais d’une manière correcte et respectable tout en espérant transmettre aux générations futures un monde dans lequel elles pourront s’épanouir…
Il est à craindre que les réponses à cette colère grandissante, si réponses il y a, ne soient une nouvelle fois que sectorielles, partielles et temporaires. Les vraies réponses à apporter aux problèmes mondiaux sous-jacents, mais profonds, risquent fort de ne jamais être formulées faute d’une réelle volonté politique qui se contente de gérer le présent ou le futur très proche.
Les vraies raisons de la colère, de la frustration, du désespoir, voire de la haine, résident dans le refus de prise en considération des aspirations légitimes des peuples. Ce phénomène ne peut aller, hélas, qu’en s’aggravant.
Les fauteurs de troubles n’étaient pas en fin de cortège, émanation d’une minorité immature et parfois manipulée ; non, les fauteurs de troubles, eux, n’ont pas manifesté, ne se sont pas manifestés, trop occupés à régler leurs querelles intestines, à préserver leurs portefeuilles, à afficher leurs suffisances et à déployer leurs parachutes dorés devant ceux qui sont écoeurés, rejetés, oubliés… Mais qui ont l’audace d’avoir de la mémoire.
Lucien